MARSEILLE, L’ENVERS DU DÉCOR

Publication : juillet 2019
Média : magazine Slowly Veggie
Photos : Claire Payen
Illustration : Sacha Terroy

La cité phocéenne est en pleine mutation.
Initiatives green, épiceries fines et tables végétariennes
poussent comme de véritables champignons. Découverte.

Les clichés lui collent à la peau. « Marseille est une ville sale », « malfamée », « le mistral est  éreintant  »,  «  la  circulation  est  invivable  »…  Un  peu  rude  comme  portrait  pour  une  ville  ouverte sur les eaux turquoise de la Méditerranée, et ensoleillée près de 300 jours par an.  Alors certes, la circulation n’y est pas de tout repos, les voitures stationnent de manière assez  sauvage et les pistes cyclables sont quasi inexistantes, mais de toute évidence, de nombreux  projets à vocation verte ou durable sont dans les tuyaux. De nouveaux parcs voient le jour,  des friches urbaines sont transformées en potagers participatifs, près de 18 % de l’électricité  annuelle provient de panneaux solaires… La ville a même promis l’installation d’un réseau de 250 km de pistes cyclables à l’horizon 2024. Les Marseillais eux-mêmes ont du  mal  à  y  croire,  tant  l’engagement  leur  semble  utopique  !  L’autre  facette  inattendue  de  Marseille s’exprime sur sa scène culinaire, en pleine effervescence. Une jeune génération de  chefs, engagés et fervents défenseurs d’une cuisine locale, dynamise la ville à grands coups  d’adresses  végétales,  de  concept-stores  éthiques  et  de  bars  à  vins  nature.  Celle  que  l’on  surnomme « la cité phocéenne », depuis que des marins grecs originaires de la ville de Phocée,  dans leur fuite des invasions perses, se sont installés sur le port de Marseille en 600 av. J.-C., multiplie aujourd’hui les clins d’œil aux origines multiculturelles de  ses habitants. Les assiettes puisent leur inspiration dans les cuisines corse, italienne, moyen-orientale  ou  maghrébine,  et  nous  offrent  un  délicieux  voyage  à  chaque  bouchée.  Difficile de dresser une liste exhaustive de tous les trésors découverts ici. Une chose est sûre  : Marseille possède un sacré potentiel ! 

Adresses « coup de cœur »

L’infusion 
Dzovig et sa maman Solange tiennent ce petit café donnant sur la place de l’Opéra, à l’écart  du tumulte du Vieux-Port. Formée aux subtilités du thé, la jeune femme maîtrise le chaï latte et le thé glacé comme personne. Pour accompagner leurs boissons, mère et fille proposent de délicieux pancakes maison servis avec des fruits de saison, ainsi qu’une sélection de gâteaux et focaccias fournis par Maison Geney, une adresse réputée à Marseille. 

Carlotta with
À la fois coffee-shop, salon de thé et restaurant, cette adresse branchée au décor brut  propose une carte ultra fraîche adaptée à tous les régimes alimentaires. Mention spéciale  pour les petits déjeuners, originaux et généreux. Le combo parfait ? Un jus frais poire ananas-vanille, un pain au chocolat garni de gianduja – divin –, et une spécialité végétale  maison à base de coco et de noix de cajou, agrémentée d’un granola aux notes torréfiées. 

Yima 
En arabe, yema signifie « maman ». En hébreu, « maman » se dit « ima ». Voilà qui en dit  long sur les influences d’Ella, la cheffe, en matière de gastronomie. Véritable ode aux  cuisines des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, la carte, en grande partie végétale,  change toutes les 3 semaines. Ici, la citronnade à la fleur d’oranger et le pain marocain moelleux sont faits maison, la patate douce rôtie est servie avec une pointe de harissa à  l’amande, et la crêpe mille trous, emblématique des cuisines marocaine et tunisienne,  apporte la touche finale régressive à cette explosion de saveurs… Un coup de cœur ! 

Le talus 
Cette ancienne base de chantier a été réhabilitée en ferme urbaine. Sur place, un immense  potager cultivé en agriculture raisonnée – dont l’entretien est accessible aux adhérents moyennant une mini-participation financière (1 €/jour, 6 €/an) – partage l’espace avec un  rucher, un poulailler ainsi qu’un espace buvette et cantine où tous les plats sont végétariens. Le Talus propose aussi la vente de plants, d’œufs, d’élixirs aromatiques et d’un mesclun  fraîchement cueilli le matin même. Le week-end, brunch et DJ sont aussi de la partie ! 

Comme avant 
Spécialisée en savons artisanaux, cette entreprise familiale, lancée par un père dont le  nourrisson avait une peau atopique, vient d’ouvrir sa boutique en plein cœur du Panier. Sur place : savon à l’huile d’olive pressé à froid, shampoing solide, dentifrice en poudre,  déodorant naturel… Le tout fabriqué en toute transparence. 

Jogging
Au fond de cette boutique atypique où les pièces de créateurs locaux en vogue sont à  l’honneur, se cache une sublime petite cour où officient de jeunes chefs talentueux, en  résidence pour la saison estivale. Lors de notre visite, David Mijoba assurait le service et  livrait une cuisine végétale inspirée. Stay tuned : il ouvrira son propre restaurant dès la fin de  l’année à Marseille. 

Les trois coups
Ce bar spécialisé en vins nature propose également une carte courte de petits plats (à  partager ou pas) cuisinés avec des produits de saison. Houmous de petits pois, carpaccio de  tomates colorées à la ricotta et aux noix, terrine de veau maison, œufs mimosas, chou-fleur  rôti…À déguster à l’intérieur dans une ambiance bar à vin ou sur l’agréable terrasse installée square Edmond-Rostand, à Castellane. 

Infos pratiques :
Y aller : TGV Paris-Marseille (3 h 15) ; Lyon-Marseille (2 h 10) ; Toulouse-Marseille (4 h 45).
Utile : À Marseille, ça grimpe. Prévoyez une bonne paire de baskets si vous souhaitez  sillonner la ville à pied.
Se renseigner : www.marseille-tourisme.com

La cité phocéenne est en pleine mutation. Initiatives green, épiceries fines et tables végétariennes poussent comme de véritables champignons. Découverte.