LA CHASSAGNETTE, UN JARDIN DANS L’ASSIETTE
Publication : juin 2019
Média : magazine Slowly Veggie
Illustration : Maëva Terroy
Armand Arnal a deux atouts :
son immense potager et sa créativité.
À La Chassagnette, dans un cadre champêtre hors du temps,
il propose une cuisine flexitarienne de botaniste où le végétal est roi.
Toutes celles et tous ceux qui ont mis les pieds à La Chassagnette sont unanimes : dans ce havre de paix bucolique, le temps semble suspendu. Fondue dans la nature, en pleine Camargue, et entourée de 2,5 hectares de potager-verger cultivés selon les principes de l’agriculture biologique, cette ancienne bergerie a été transformée en restaurant il y a 16 ans. Le chef y livre une cuisine végétale brute et originale, récompensée d’une étoile par le guide Michelin.
La nature et rien d’autre
L’expérience commence dès l’arrivée au domaine. Oubliez votre téléphone. Il n’y a ni réseau, ni 4G. Il n’y a que vous, ce superbe mas et la promesse d’un repas aux petits oignons. Autour du restaurant, un tableau digne d’une peinture impressionniste se dessine. Aubergines, capucines, bourrache, sauge,soucis, artichauts, coings, kakis ou encore pêchers se mêlent aux touches de rouge délicat des pétales de coquelicot, aux jaunes plus ou moins vifs des narcisses et des tournesols et au blanc immaculé du jasmin enivrant. Ici, c’est le jardin qui décide. La cuisine d’Armand Arnal dépend des récoltes du jour, qui dépendent, elles, des conditions climatiques. Traditionnellement, le repas débute sur un velouté d’herbes. C’est un peu « l’expression du potager du moment », nous dit-on. Le jour de notre visite, un mélange de pulpe d’herbes amères, de fleurs et de chou-rave, rehaussé d’une émulsion à la capucine, réveille nos papilles, littéralement, jusqu’à les déstabiliser par son amertume marquée. Pourquoi cette amertume ? « Parce qu’elle annihile les saveurs parasites qui restent dans le palais », nous explique le maître d’hôtel. Le client est alors prêt à apprécier chacune des saveurs exprimées dans le menu à sa juste valeur.
Une cuisine de bon sens
En cuisine, l’équipe joue la carte du sans-gluten. Pas de farine de blé dans les recettes, pas même dans l’irrésistible cookie, à base de farine de riz camarguais. L’huile d’olive prime sur le beurre ; la crème fraîche et le lait sont remplacés par leurs versions végétales, préparées sur place. Quant aux aliments récoltés dans le potager, ils sont cuisinés dans leur intégralité. Les cosses de fèves sont ainsi proposées en tempura, et la fève elle-même est servie entière, avec sa pellicule, ce qui ne l’empêche pas d’être délicate et fondante. Rien d’étonnant à cela, explique Armand, puisque « lorsque le légume passe directement de la terre à l’assiette, sans être stocké au réfrigérateur, le produit reste tendre et moelleux ». Même les miettes de pain récupérées sur la table – service gastronomique oblige – sont données aux oiseaux ! Vous l’aurez compris, à La Chassagnette, la nature tient une place essentielle. On accepte son rythme et l’on s’y adapte. C’est d’ailleurs sans doute là l’origine de cette bulle de bonheur dans laquelle on se sent lorsque l’on vient ici.
La Chassagnette, Mas de la Chassagnette, Chemin du Sambuc, 13200 Arles. Menu végétarien servi le midi uniquement, 53 €.
Armand Arnal a deux atouts : son immense potager et sa créativité. À La Chassagnette, dans un cadre champêtre hors du temps, il propose une cuisine flexitarienne de botaniste où le végétal est roi.